Mais au fait, qu’est-ce qu’une « smart city » ?
Le quartier Lyon Confluence se pose en modèle européen de future « smart city ». La « smart city », ville durable du futur.
Le quartier Confluence, à Lyon, à la rencontre de la Saône et du Rhône, a commencé sa mutation. Il se présente comme une future extension de l’hypercentre de la ville, qui doublera la superficie de celui-ci. Surtout, il se pose en modèle français et même européen de « smart city », dans le sillage de Barcelone et Stockholm. Mais concrètement, qu’est-ce qu’une « smart city » ? En quoi ce désenclavement et ce réaménagement d’une zone marquée par les friches industrielles et logistiques sont-ils caractéristiques d’une « ville intelligente » ?
Une nouvelle gestion de la ville
Le concept de « smart city » est né de constats sévères concernant les villes aujourd’hui, où vit 50% de la population mondiale – cette proportion atteindra 70% en 2050. Les agglomérations, qui ne représentent que 2% de la surface de notre planète, sont à l’origine de 80% des émissions de gaz à effet de serre. Il en résulte la nécessité de changer en profondeur leur organisation par rapport aux schémas classiques actuels, de manière à mieux gérer les ressources naturelles et à favoriser l’harmonie humaine et sociale.
Le développement d’une « smart city » s’échafaude sur 3 grands axes : des transports plus propres et rationnels, des énergies et des déchets mieux gérés, des habitats responsables. Il passe, surtout, par l’utilisation du « big data » pour mesurer les besoins et optimiser les réponses en échange. Les nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC) sont les outils indispensables à cette nouvelle gestion urbaine : domotique, capteurs et compteurs intelligents, supports numériques, dispositifs d’analyse des données et de diffusion des informations. La gouvernance des « smart cities » passe ainsi par une utilisation des informations recueillies, avec la participation des citoyens, pour agir en faveur d’une meilleure santé, d’une circulation douce, d’espaces verts multipliés, de circuits courts pour s’alimenter et se rendre sur son lieu de travail…
Des bâtiments à énergie positive
Le projet « Lyon Smart Community », en construction dans le quartier Lyon Confluence depuis le début de l’année 2013, met en application certaines innovations portées par ce concept. Le quartier, qui couvre un territoire de 150 ha, a pour ambition de devenir un exemple européen en matière d’efficience énergétique. Ainsi, un îlot de trois immeubles nommé Hikari, qui rassemble sur 12 800 m2 des logements, des bureaux et des commerces, produit plus d’énergie qu’il n’en consomme : c’est le premier ensemble français à énergie positive qui dépasse l’échelle d’une maison individuelle ou d’un bâtiment isolé.
Les trois bâtiments communiquent entre eux pour répartir les énergies dans les différentes zones, selon les besoins mesurés au fil du temps : dans les bureaux et les commerces en journée, dans les logements en soirée et durant les week-ends. L’énergie, produite par des panneaux photovoltaïques, par un cogénérateur fonctionnant à l’huile de colza, et par la géothermie, est stockée grâce à une pile à combustible en cas d’excès, et restituée au prochain besoin. Les façades sont conçues pour privilégier au maximum les apports de lumière naturelle. Les espaces intérieurs sont équipés de mulitples capteurs qui mesurent la température, l’occupation d’une pièce, la ventilation, l’éclairage… Cela permet de réguler en temps réel les apports en énergie.
Des véhicules électriques partagés
Le chantier Confluence n’inclut pas que des programmes neufs. La Cité-Perrache, qui abrite 275 logements sociaux depuis les années 30, a bénéficié d’une éco-rénovation, avec pour objectif de diviser par 6 les consommations énergétiques. Les anciens systèmes de chauffage ont été remplacés par un raccordement au nouveau réseau de chauffage urbain qui fonctionne au bois. Les façades et les toitures ont été restaurées, et les menuiseries extérieures changées, de manière à assurer une isolation renforcée. Les habitants peuvent maîtriser leurs consommations d’énergie grâce à des dispositifs individualisés de mesures en temps réel, poste par poste.
Le quartier Lyon Confluence est aussi équipé d’un parc de véhicules électriques partagés, qui se rechargent au moyen de panneaux photovoltaïques. Enfin, un système de gestion et de pilotage des données énergétiques devrait permettre une gestion globale de l’énergie au niveau du quartier, en association avec les systèmes de mesure des conditions météorologiques et de la qualité de l’air installés dans le cadre du programme de ville intelligente et durable du Grand Lyon.
Laurence Despins