Nous dirigeons-nous vers un ralentissement global du rythme urbain ?
Dans de nombreuses métropoles européennes, la place octroyée à la voiture individuelle se réduit chaque année. Piétonnisation des rues, mise en place de parcs de vélos en libre-service, création d’espaces publics sans voiture et de boulevards urbains privilégiant les mobilités douces… Les mesures incitatives se multiplient. Ces transformations créent un nécessaire ralentissement du rythme urbain.
Quels sont les impacts de ce ralentissement sur la vie urbaine et dans l’espace public ? Cet apaisement des villes aura-t-il d’autres impacts ?
Notions de mobilité urbaine
La notion de mobilité englobe les enjeux liés aux déplacements urbains, aux transports, aux activités, aux localisations et aux proximités. Elle soit choisie par les usagers à l’initiative de leurs parcours, soit subie, selon l’aménagement et l’organisation du territoire. Dans les deux cas, la mobilité façonne une cadence, le « mouvement » de la ville. Les rythmes urbains engendrés par la mobilité s’effectuent principalement dans l’espace public.
Le ralentissement des rythmes urbains
De nos jours, la majorité des villes sont encore caractérisées par leur densité et leur rythme effréné. Tout doit être accessible rapidement et facilement. Pourtant, le rythme des villes tend aujourd’hui à ralentir.
En urbanisme, mais également dans les mentalités citoyennes et urbaines, nous assistons à un changement de paradigme. La transition progressive d’un rythme urbain rapide vers un rythme urbain plus lent s’observe dans la quasi-totalité des métropoles mondiales.
Ceci est dû aux nouvelles politiques publiques allant à l’encontre de l’utilisation de la voiture individuelle, mise en cause pour ses impacts sur l’environnement et la santé des citadines et citadins.
La diminution du trafic automobile occasionne le renforcement des réseaux de transports collectifs et le réaménagement des voiries pour favoriser l’émergence des mobilités actives. Ces modes de déplacement ralentissement naturellement le rythme des espaces publics. En effet, ils sont généralement plus lents que les automobiles individuelles, or période de congestion. On parle de pacification.
D’après une enquête réalisée par le centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie, près de 80 % des Français aspirent à “ralentir leur cadence afin de prendre plus le temps”.
Quelles seront les dynamiques engendrées par ce ralentissement urbain ?
En plus de transformer les temporalités urbaines, ces nouvelles organisations ont d’autres impacts. La valorisation des mobilités actives agit de manière positive sur la santé physique et morale des urbains.
La réduction du trafic automobile participe au développement durable des territoires. On assiste à une réduction de la pollution, à une amélioration de la qualité de l’air, à une diminution des nuisances sonores et à la fin de la bétonisation des sols.
Auparavant, on assistait à une fragmentation de l’espace, avec d’une part des lieux dédiés à la rapidité, comme les noyaux de transports et d’autre part, des espaces plus pacifiés. Dorénavant, un rythme plus lent s’empare des villes, y compris dans les espaces autrefois dédiés à une circulation rapide, comme les boulevards. Les citadins manifestent une volonté d’avoir des espaces de vie plus adaptés à leurs aspirations et à leur bien-être. Cette dynamique entraîne le développement de lieux de sociabilisation et d’espaces publics qui ne sont plus seulement à traverser, mais à investir.
Ce regain d’intérêt pour l’apaisement des espaces urbains s’inscrit dans une tendance de fond : renouveler durablement le rythme des villes.